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- Chapitre 2 -

  Mégère se réveille avec une mauvaise mine, comme tous les matins. Elle reste allongée un long moment sur son petit lit rouge. Les chambres des Chtoniens sont souvent peu spacieuses à l'exception de celles réservées aux personnages importants. Mégère n'avait pas décoré la sienne. Sa chambre contenait, comme toutes les autres, un long miroir à c?té de la porte d'entrée au travers duquel Mégère ne regardait jamais. Elle l'avait d'ailleurs voilé à l'aide d'un drap. La jeune fille soignait sa tenue par professionnalisme et attachait ses cheveux par commodité. Mégère était nommée "érinye de la Haine", elle ne regardait jamais son reflet, de peur de se ha?r. Le vide qu'elle ressentait en elle ne s'était pas comblé pendant la nuit comme elle l'espérait. Une fois habillée, elle demeure encore un moment dans le silence, puis se décide à tourner la poignée de porte et sort.

  ***

  ? Mademoiselle ! Mademoiselle ! Il est de retour ! ?

  Mégère aper?oit un garde courant dans sa direction. Pris de panique, il hurle en agitant les bras. Depuis le début de la matinée, elle s'était attelée à faire le tour des garnisons afin de s'assurer qu'un événement comme celui de la veille ne se reproduirait pas. Elle avait remonté le chemin vers Asphodèle et se trouvait devant le dernier temple avec cinq soldats lourdement armés. Immédiatement, elle leur ordonne d'arrêter le fuyard.

  ? Que se passe-t-il ici ? demande-t-elle sèchement en s'approchant de lui.

  - C'est le prince Zagreus, Mademoiselle ! crie le garde haletant. Il a attaqué notre garnison et il a amené la foudre avec lui ! J'ai couru aussi vite que j'ai pu pour vous prévenir. ?

  Mégère lui jette un regard noir.

  ? Menteur ! Dis plut?t que tu t'es enfui ! Tu croyais pouvoir te réfugier ici mais il n'y a pas de place pour les déserteurs ! ?

  à ces mots, elle dégaine son poignard et l'empale d'un coup sec. Le garde, surpris par le coup, s'effondre instantanément et disparait dans le Styx.

  L'érinye est folle de rage.

  ? Restez ici vous autres ! J'espère que je n'aurai pas à intervenir... ?

  Elle entre dans le temple et referme la porte derrière elle.

  Après avoir demandé aux gardes devant la porte d'Asphodèle de la laisser seule dans le temple, elle s'assoit devant la grande porte et attend. Quelques minutes s'écoulent lorsqu'elle entend des cris dehors suivis de bruits aigus. La lutte dure quelques secondes, puis le tonnerre gronde. La bataille se tait et la porte s'ouvre lentement.

  ***

  ? A?e... gémit Zagreus en titubant alors qu'il passait le seuil de la porte.

  - Va-t'en Zagreus, lui crie Mégère sans même le saluer, tu n'as rien à faire ici !

  - Meg ! s'exclame Zagreus, c'est toi qui as posté tous ces gardes ?

  - Zagreus par tous les dieux, qu'est ce que tu fais encore ici ? s'écrie Mégère, perdant son sang-froid, fais demi-tour immédiatement !

  - Désolé Meg, dit-il en s'approchant, mais tu vas encore avoir du travail aujourd'hui ?

  Il portait sa tunique rouge habituelle mais n'avait pas pris son épée. A la place, il tenait dans sa main droite un large bouclier rond jaune et vert arborant une tête de lion dorée. Après s'être approché de quelques mètres, il tend son bras vers l'arrière et, poussant un grand cri, il jette de toutes ses forces le bouclier devant lui. Surprise par cette attaque, Mégère n'a pas le temps de faire un pas de c?té et re?oit le bouclier en plein visage. Elle s'effondre, sonnée sur le sol. Zagreus fonce maintenant droit sur elle prêt à l'achever. Elle a juste le temps de balancer son fouet et de l'atteindre à l'abdomen. Le Prince s'effondre à plat ventre à ses pieds, à deux pas de l'atteindre. Il saigne abondamment et ne bouge plus. Mégère se relève, encore déstabilisée par le coup de bouclier :

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  ? Ne reviens plus jamais ici, murmure-t-elle avant de lui asséner un coup de poignard dans le dos. ?

  ***

  ? Tout va bien Mademoiselle ? ?

  Achille se tenait assis devant la maison d'Hadès lorsque Mégère entra. Elle avait une grande marque du menton à la tempe gauche et un bleu sur la joue. Furieuse, elle jette à Achille un regard noir.

  ? Non Achille ! Comme tu peux le voir tout ne va pas bien ! peste Mégère.

  - Il s'agit de Zagreus n'est-ce pas ... ? répond Achille en baissant les yeux. Si je peux faire quoi que ce soit pour vous aider n'hésitez pas, Mademoiselle...

  - Déjà, j'aimerais que tu m'expliques ce qu'il se passe. J'ai déjà empêché Zagreus d'arriver à Asphodèle hier et voilà qu'il revient le lendemain ! Je suis s?r que tu me caches quelque chose Achille, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond.

  - écoutez Mademoiselle, répond-il calmement, la meilleure manière de le savoir est d'aller lui demander... Je vous assure que je ne sais rien des intentions du Prince et je suis sujet au même étonnement que vous.

  - Décidément, tu ne fais que me faire perdre mon temps ! ?

  Mégère tourne brusquement les talons et pénètre dans la maison.

  Arrivée dans le couloir principal, elle marche en direction du salon et trouve la porte ouverte. Elle pose une main sur l'encadrement et penche lentement sa tête sur le c?té. Après quelques coups d'?il jetés à l'intérieur, elle aper?oit Zagreus assis à une table. Il contemple un verre posé devant lui, les coudes sur la table. Il a l'air de s'ennuyer ou de réfléchir.

  Mégère le regarde, hésitante, puis elle se redresse et passe devant la porte pour partir en direction de sa chambre, quand soudain :

  ? Meg ! ?

  La jeune fille se retourne en direction du salon et aper?oit Zagreus qui l'appelait.

  ? J'aurai préféré l'éviter, pense-t-elle, tant pis... ?

  Elle fait quelques pas en direction de la table du Prince.

  ? J'espère que je ne t'ai pas fait trop mal tout à l'heure, s'inquiète Zagreus pendant que Mégère s'installe sur la chaise en face de lui. ?

  Elle ronchonne et se passe la main dans les cheveux, voilant sa blessure.

  ? Je suis ravi que l'on ait pu se revoir Meg, continue Zagreus, je pensais que tu partais à la surface.

  - La seule raison pour laquelle je ne suis pas parti, c'est à cause de toi ! peste Mégère, tu crois que je reste ici par plaisir ? ?

  Zagreus parait confus face aux accusations de Mégère.

  ? Ton père m'a ordonné de te surveiller afin que tu restes au Tartare. Tu n'étais pas au courant ?

  - Non... je... balbutie Zagreus, de plus en plus surpris. Comment mon père a pu... ?

  - Je me fiche de la raison Zagreus ! à partir de maintenant, je ne veux plus te voir ailleurs que dans cette maison. Peut-être qu'en restant tranquille suffisamment longtemps, Hadès me laissera partir.

  - Désolé Meg, mais ce n'est pas possible. Je dois rejoindre la surface, je sais que c'est difficile à comprendre mais j'ai mes raisons.

  - Je me fiche de tes raisons ! Tu ne peux pas comprendre ce que cette occasion représente pour moi ! ?

  Mégère , blessée par l'indolence de Zagreus, fusille son interlocuteur du regard.

  ? Eh bien dans ce cas, tu vas encore avoir du travail, parce que je ne resterai pas un jour de plus dans ce vieux Tartare moisi, plaisante Zagreus. ?

  S'en était trop pour Mégère qui se lève d'un bond et prend la direction de la sortie. Elle marche en trombe dans le couloir en direction de sa chambre. Arrivée devant la porte, elle passe devant Louna sans lui adresser la parole, et s'enferme à l'intérieur.

  ***

  Dans la chambre règne un silence lourd. Mégère, toujours énervée de sa discussion avec Zagreus, détache ses chaussures à la hate et les projette au bout de la pièce d'un coup sec du pied. Elle se laisse tomber sur le bord de son lit opposé à l'entrée et fixe la petite fenêtre au fond de la pièce. La solitude inonde son c?ur une fois encore et, une fois passé, l'agacement se change rapidement en tristesse. Elle se demande si elle aurait vraiment été plus heureuse sur un champ de bataille. D'un geste de la main, elle relève délicatement les cheveux devant son visage révélant à nouveau la blessure. Bien que personne ne la voyait, elle avait honte de ce qu'elle était. Mégère ne pouvait pas être autrement que malheureuse car Mégère n'existe que par le malheur. Elle n'est définie que par la tristesse de son ame et la froideur de son c?ur. Cette pensée traverse son esprit et éclate en elle. Alors, posant les mains sur ses yeux, elle prend une grande inspiration et, peut-être pour la première fois, elle pleure.

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